La croissance de l’économie malgache reste forte
Sur le papier, l’économie malgache se porte bien. La note de conjoncture économique de Madagascar publiée hier par la Banque mondiale indique que "La croissance de l’économie malgache est restée forte en 2018, affichant un taux de 5,2% et se situant au-dessus de la moyenne régionale et mondiale". Pour la cinquième année consécutive, le taux de croissance économique du pays a excédé le taux de croissance démographique estimé à 2,7%. Pour 2019, la croissance devrait atteindre 5,2%.
Selon les analyses de la Banque mondiale, « La combinaison de conditions macroéconomiques favorables, telles qu’une inflation plus faible, un déficit budgétaire maîtrisé et un niveau adéquat de réserves internationales, aurait soutenu cette croissance. Le secteur des services reste le principal moteur de cette croissance. Ce secteur a enregistré un taux de croissance de 5,2% en 2018 ».
En outre, les conditions météorologiques favorables en 2018 ont soutenu la reprise de la production rizicole donnant ainsi un coup de fouet au secteur agricole. Cette performance agricole a, par ailleurs, largement contribué au ralentissement de l’inflation en 2018, dont la moyenne au cours de l’année est passée à 7,3% contre 8,3% en 2017.
En revanche, les incertitudes associées à la période préélectorale et aux épidémies de maladies ont affecté certains secteurs de l’économie, tels que le tourisme. Le nombre de touristes ayant visité Madagascar a continuellement diminué entre 2016 et 2018, enregistrant une baisse totale de 14%. La tendance à la hausse des cours du pétrole sur le marché international au cours du deuxième semestre de 2018 a également pesé sur l’économie, en alourdissant la facture d’importation pétrolière et mettant à l’épreuve le mécanisme de fixation des prix à la pompe appliqué à Madagascar.
Le climat de sérénité dans lequel l’élection présidentielle s’est déroulée en 2018 en est de bon augure pour instaurer la confiance des investisseurs pour cette année. La croissance des activités industrielles, telles que le textile et la transformation alimentaire, devrait rester élevée. Les progrès projetés dans le secteur de l’énergie soutiennent aussi ces perspectives de croissance. Le secteur des services devrait continuer à enregistrer une bonne performance et le secteur primaire devrait connaître une expansion modérée.
« Le principal défi reste que cette croissance doit profiter à une population bien plus large pour que Madagascar puisse avancer sur la voie de la réduction de la pauvreté », déclare Coralie Gevers, représentante de la Banque mondiale à Madagascar. « Il est essentiel, à cet égard, d’accroître l’accès à une énergie fiable, durable et abordable, au crédit et aux infrastructures. Par ailleurs, il est important de promouvoir une plus grande connectivité des agriculteurs aux marchés et d’assurer des investissements soutenus dans le capital humain de la prochaine génération en améliorant les services d’éducation, de santé et de protection sociale. »
La Banque mondiale suggère alors de privilégier les investissements publics dans les secteurs sociaux et productifs par rapport aux subventions non ciblées pour stimuler la croissance inclusive sur le moyen terme. La mise en œuvre d’une stratégie de tarification des carburants pour promouvoir l’accès à des produits pétroliers fiables et abordables sans que l’Etat ait à encourir les coûts restera par ailleurs un élément essentiel pour atteindre cet objectif, avance cette note de conjoncture qui consacre une section spéciale sur la gestion du prix du carburant à Madagascar.
La Banque mondiale note que la politique de subvention universelle du prix du carburant bénéficie de manière disproportionnelle à une portion de la population qui a les moyens de consommer du carburant, son élimination permet de libérer des ressources pour les programmes en faveur des plus vulnérables et contribue à une meilleure équité des dépenses publiques.
Comme le FMI et les autres partenaires techniques financiers de la Grande île, la Banque mondiale rappelle que l’expérience a montré que la politique de subvention aux carburants est trop coûteuse pour le budget de l’État. « Ces raisons, entre autres, confortent la nécessité de supprimer les subventions aux carburants et d’entamer des réformes pour mettre en œuvre un mécanisme de tarification plus durable ».
« Les efforts du Gouvernement pour poursuivre la réforme de la tarification du carburant sont louables, le but étant de garantir que le carburant soit abordable et l’approvisionnement fiable, sans que l’État ait à en supporter les coûts », avance Natasha Sharma, économiste et auteure de cette note de conjoncture. « L’option du mécanisme d’ajustement automatique des prix offrirait la possibilité à l’Etat de ne pas avoir à payer pour subventionner le carburant. Mais cette option devrait être accompagnée de mesures afin d’atténuer les effets des prix élevés et volatiles du carburant sur les pauvres ».
Pour la Banque mondiale, « D’autres réformes complémentaires pour accompagner l’ajustement automatique des prix devraient consister à réduire les facteurs de coûts fixes de l’importation et de distribution des carburants (tels que les coûts d’approvisionnement du carburant, les frais de stockage et de distribution ainsi que les marges des pétroliers …) et à promouvoir la concurrence des prix dans le secteur pétrolier, appuyée par la présence d’un organisme de réglementation efficace et indépendant, avec l’objectif de réduire le prix final à la pompe. À moyen et long termes, une transition vers les énergies renouvelables pourrait réduire la consommation du carburant ».
La croissance de l’économie malgache reste forte
Comments